L’assurance sociale en Chine continentale et à Taiwan. (3/3)

Publié le par wangyoann

Le système de sécurité sociale en Chine continentale :


                Nous ne nous lancerons pas dans une analyse du système de sécurité sociale de la Chine continentale, car le système n’est pas harmonisé sur l’ensemble du pays, et dépend de l’emploi occupé par les personnes, de leur unité de travail, des entreprises privées, publiques ou semi-publiques... Les mieux lotis sont bien évidemment les fonctionnaires. Ensuite, ce sont les employés qui dépendent plus ou moins de l’État (par exemple les enseignants qui n’ont pas le statut de fonctionnaire [公务员], car ils doivent signer un contrat de travail avec l’école qui les emploie pour une période de 1 à 5 ans ; une fois ce délai écoulé, si l’école ne veut plus du professeur, c’est tout simplement Bye bye ! Cela fonctionne également dans l’autre sens, si le professeur veut partir, il le peut librement), mais cette catégorie de personnes profite d’avantages divers (cotisations retraites, assurances sociales, aides financières pour l’accès à la propriété…). Puis, il y a les travailleurs employés dans des entreprises étrangères, où bien souvent les conditions de travail sont nettement meilleures que dans les entreprises chinoises du même secteur : avantages sociaux plus nombreux (meilleure prise en charge des soins, vacances plus ou moins longues selon la nationalité des entreprises dans lesquelles les employés travaillent…) ; et enfin, l’immense majorité des Chinois qui bénéficie plus ou moins de ces avantages selon leur entreprise.

 

 

Pourquoi le système de santé de Chine continentale va exploser les finances du pays !


                Ce qui inquiète ce n’est pas ce qui a déjà été fait (souvent très mal ou très peu), ou ce qui se dit, ou ce qui semble être en discussion dans les arrières cuisines du parti, mais c’est le chemin qui reste à parcourir pour que la Chine ait un régime de sécurité sociale plus égalitaire et qui prennent (enfin) en charge les véritables problèmes des citoyens chinois.

 

                Il ne fait aucun doute que le système mis en place sur l’île de Taiwan crée des déficits budgétaires extrêmement difficiles à tenir, des ajustements seront inévitables, toutefois la générosité de leur système couplé à de bonnes conditions de vie, à un développement continu de l’économie, et enfin surtout grâce à des politiques (choisi par la population et donc révocables lors des élections) qui ne cherchent pas uniquement à s’en mettre plein les poches (même si bien sûr certains d’entre eux le font, ou l'ont fait honteusement, à l’instar de l’ancien président de Taiwan, Chen Shuibian, qui récolte aujourd’hui le fruit de ses magouilles), font que la société taïwanaise est beaucoup « harmonieuse » (fameux slogan de l’équipe Hu-Wen) que ne l’est la société chinoise du continent.

 

                Le système de santé taiwanais cumule des dettes impossibles à maintenir en l’état, car les dépenses, qui ne font qu’augmenter, ne peuvent pas être pour le moment compensées par des recettes supplémentaires ; la crise économique actuelle ne va sûrement pas arranger les finances du ministère ! Mais les réponses que devront apporter les politiques taiwanais porteront sur des ajustements nécessaires afin de diminuer ce déficit qui ne continuera qu’à s’accroître au fil des ans si rien n’est fait.

 

                Pour la Chine, les réponses seront d’un tout autre niveau, elles constitueront un défi pour la société, car les inégalités criantes du système de santé chinois ne pourront pas se prolonger éternellement. Ces dernières statistiques ci-dessous permettent de voir « l’autoroute » à construire par l’État chinois. En 2005, le salaire moyen à Taiwan était de 12381 dollars américains (environ 100 000 yuan), la population de l’île était de 23 millions de personnes. En un an, les dépenses de santé sur l’île se sont élevées à plus de 400 milliards de NTD (soit plus de 10 milliards d’euros), ces dépenses approchant l’équivalent de 500 euros par habitant et par an ! Si nous prenions les mêmes chiffres pour les appliquer à la Chine, attention aux yeux, car les chiffres sont impressionnants : population de 1,3 milliard de personnes, si le système de santé chinois fournissait environ 500 euros par personne et par an, cela donnerait des dépenses à la charge de l’État de plus de 600 milliards d’euros !! Or à combien s’élevaient les recettes de l’État en 2005 : 350 milliards d’euros ! C'est-à-dire un très très gros schmilblick ! (Même si ces chiffres datent de 2005, la démonstration reste du même ordre aujourd’hui).

 

                Les chiffres sont cruels, mais ils démontrent très simplement que la Chine est un pays encore pauvre dans la grande majorité de ses régions. Si le pouvoir veut maintenir une société « stable », il va devoir mettre la main au portefeuille pour aider davantage les familles dénuées de toute aide de l’État ; lorsque l’État commencera véritablement a le faire, les finances du pays en prendront un sacré coup ! Toutefois, le modèle économique des dirigeants chinois étant les États-Unis, il ne faut pas vraiment s’étonner que les questions touchant aux aspects sociaux (sécurité sociale, assurance, retraite…) des personnes les plus démunies soient des questions quasiment taboues. Ce désintérêt envers cette population souvent désœuvré risque de coûter cher à l’État et aux dirigeants chinois, il suffit pour cela de lire ou de relire l’histoire de la Chine !

 

 

[1] Après la mort de Jiang Jinguo (fils du président Jiang Jieshi, décédé en 1975, il prit la suite de son père à la tête de l’île) en 1987, c’est son premier ministre Li Denghui (modéré et surtout homme politique originaire de l’île, ce qui était inédit à l’époque, car le pouvoir était en les mains des membres du Guomindang ayant fuient le continent après la défaite de 1949) qui lui succéda au poste de président. C’est sous son impulsion que l’île devint une démocratie.

 

 

Source : 凤凰周刊

 

 Wangyoann

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