Google en Chine : une histoire faite de haut et surtout de bas ! (1/3)

Publié le par wangyoann

En décembre 2009, le bureau national de radiodiffusion chinois a fermé plus de 200 sites internet pour le motif qu’ils n’avaient pas obtenu « l’autorisation de diffusion de programmes ». Presque dans le même temps, la plate-forme de téléchargement BT (BitTorent) Chine a été également fermée. De nombreux experts étrangers constatent que l’année 2009 a vu une intensification du contrôle du gouvernement sur l’internet, renforçant et améliorant très sensiblement « la grande muraille de l’internet chinois » : nouvelles technologies, personnels de l’armée et de la police en augmentation, etc.

L’histoire de Google en Chine peut être divisée en 3 périodes distinctes, cette histoire suivant concomitamment la progression frénétique de l’internet en Chine, 1995-2000, 2000-2002 et 2002-2009.

 

Première période : 1995 - 2000

Cette première période correspond tout simplement à l’arrivée de l’internet en Chine (il y a toutefois 2 discours opposés sur l’arrivée de l’internet en Chine. Les premiers affirment que c’est en mars 1993 qu’internet fut lancé. Les seconds affirment, quant à eux, que c’est en 1995). Nous, nous retiendrons la date de 1995, car c’est l’année où fut installé internet dans les villes de Pékin et Shanghai. Pour rappel, en 1996, le nombre de personnes en Chine « surfant » sur internet n’était que de 80 000 (à comparer aux plus de 350 millions aujourd’hui)!

Un jeune internaute, du nom de Wen Yunchao, découvrit les joies et la liberté d’internet à ses débuts en 1996. Il verra peu à peu se mettre en place toute une infrastructure pour contrôler, limiter et censurer ce qui fut au début un outil libre et complètement ouvert sur le monde ! Il put à ce moment-là communiquer avec des amis à l’autre bout du monde et converser sur les sujets les plus anodins comme les plus polémiques.

Pour les internautes chinois de cette époque, internet était synonyme de sources d’informations incroyables et sans limites, avec également un accès quasiment libre sur bon nombre de sites pornographiques (sujet oh combien censuré en Chine aujourd’hui !)

À la fin de l’année 1999, Wen Yunchao perçut un certain frémissement dans le contrôle d’internet puisque plusieurs sites de forum libre étaient devenus inaccessibles soudainement ! En 1999, un site chinois allait faire parler de lui, annonciateur malheureusement de ce que deviendrait l’internet chinois. Après le bombardement des locaux de l’ambassade de Chine à Belgrade le 8 mai 1999, un site appelé « forum pour une grande puissance » fut créé, et où les internautes chinois purent décrire les circonstances du bombardement, les internautes étant partagé entre l’émotion et la colère. Puis peu à peu d’autres sujets sur les problèmes en Chine apparaissent sur le site, très rapidement l’offensive du gouvernement chinois se met en place : « un filtre de caractères » (过滤子).

Michael Robinson est l’un des experts étrangers « coupables » du développement des solutions pour contrôler l’internet chinois. En 1996, il fut embauché par le gouvernement chinois pour développer cette nouvelle technologie, et plus particulièrement pour trouver des solutions pour « tracer » les adresses email et les sites internet chinois.

Un autre événement retentissant attira l’attention des dirigeants chinois sur les effets d’un internet trop libre. En 1998, le mouvement Falungong entreprit de lancer une vaste campagne « d’information » en utilisant internet pour diffuser ses idées. Tous les moyens étaient bons pour se faire remarquer, rédaction d’innombrables textes sur les sites internet chinois et étrangers, et envoi important de courriel aux particuliers. Cette campagne du Falungong fut si importante que Wen Yunchao se rappelle qu’il devait « nettoyer » sa boite de réception très régulièrement sous peine de voir son compte mail arrêté ! La même année (1998), les grandes entreprises de hautes technologies de différents pays, la Chine (à travers l’université Qinghua), les États-Unis, l’Angleterre, Israël, etc., vont participer à la création du « Programme du bouclier en or » (金盾工程), l’ancêtre du Great FireWall (GFW).

Aujourd’hui, les organismes chargés du contrôle de l’internet chinois sont au nombre de quatre : « le bureau de gestion de l’internet du bureau de l’information du Conseil des Affaires d’État, le bureau d’informations du bureau de la propagande du comité central du parti communiste, le service du centre de recherches du bureau d’informations du Conseil des Affaires de l’État et [enfin] le bureau de l’internet du département de propagande du comité central du parti communiste (les noms des organismes chinois sont toujours très poétiques !). C’est sans compter les bureaux, sous bureaux, services ou sous-services disséminés ici ou là, au sein de l’armée, de la police, etc., et qui surveillent eux aussi la grande toile !

 

(Suite demain)

Wangyoann.
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