Les Chinois perdent-ils la tête ? (2/2)

Publié le par wangyoann

Le cas Peng Yu :

 

            Peng Yu est le nom d’un jeune travailleur d’une entreprise de télécommunication qui le 20 novembre 2006, apporta son aide à une dame du nom de madame Xu tombée près d’une station de bus. Sorti le premier du bus. Peng Yu se précipita sur elle et l’accompagna à l’hôpital pour qu’elle subisse un examen. Mais lorsque le personnel hospitalier s’est enquis des raisons de la chute de madame Xu, et surtout lorsque tout ce petit monde a pris conscience que les soins couteraient cher, la machine à mensonges s’est donc mise en route. Madame Xu et les membres de sa famille (dont le fils est policier !) ont donc affirmés que s’était Peng Yu qui l’avait heurté, Madame Xu déclara aux policiers sans sourciller : « 我当时亲眼看到他撞到我 » (je l’ai vu de mes propres yeux, il m’est rentré dedans à ce moment-là [juste avant de tomber]) ; le bon samaritain se transformait ainsi en un « agresseur bon samaritain » !

 

Cette histoire aurait pu rester une petite histoire isolée si le tribunal local n’avait pas mis, mal à propos, son grain de sel dans cette affaire. Les conclusions des responsables furent la suivante : « Peng Yu était la première personne à être descendu du bus, il y a donc une forte probabilité qu’il ait bousculé madame Xu en sortant », celle-ci serait tombée et elle se serait ainsi blessée. Le tribunal a donc conclu que madame Xu n’avait pas pu voir Peng Yu et n’avait pas pu éviter « l’accident » ! De même, « étant donné que le champ de vision de Peng Yu était limité, celui-ci ne pouvait pas non plus éviter l’accident » ! Enfin, le point déterminant (surtout en Chine) concerna les compensations financières ; le tribunal condamna donc Peng Yu : « selon les principes d’équité [on rigole quand on entend cela en Chine, et on est mort de rire quand ce mot provient de la bouche d’un juge chinois] afin de partager les dommages financiers engendrés par cette affaire. Peng Yu doit s’acquitter de 40 % de tous les frais engagés dans cette affaire, il doit donc verser la somme de 45 876 yuan [soit environ 5 265 euros] dans les 10 jours à madame Xu » ! Cette affaire montre bien comment sont jugées les « affaires » en Chine, la loi chinoise est pourtant claire sur ce point [pour une fois !] : « 谁主张谁举 » (la preuve [doit être] apportée par l’accusateur), or le tribunal ne s’est fondée que sur des présomptions. De plus, les informations retranscrites sur papier obtenues lors de son interrogatoire par la police ont été tout naturellement « perdues » ! Il ne restait donc plus que des photos prises par un téléphone portable de la police comme preuves contre Peng Yu. Or, patatras, le directeur du commissariat à avouer quelque temps plus tard que les photos utilisées ne venaient pas de la police, mais qu’elles avaient été fournies par le fils de madame Xu (lui-même policier) !!

 

Pourquoi tout ce développement sur une affaire qui semble des plus anecdotique ? Tout simplement parce que cette affaire a provoqué une « onde de choc » dans la population chinoise, une réaction que nous pourrions qualifier de « nouvelle mentalité », car depuis les mésaventures de Peng Y, qui a fait plusieurs fois le tour de la Chine, lorsqu’une personne tombe dans la rue, c'est l'histoire de Peng Yu qui leur viennent à l’esprit, donc beaucoup de gens ne souhaitent pas avoir de « problèmes », par conséquent qu’elle est le meilleur moyen de ne pas s’en attirer ? Ne rien faire, et pourquoi ne pas laisser quelqu’un mourir dans la rue ! Elle est belle cette société, non ?

 

 

Sources :

Pour l’histoire de Peng Yu : hudong.com ; 360doc.com ;  et de nombreux autres sites internet accessibles en tapant simplement le nom de Peng Yu.

Mort de la personne âgée : 凤凰网

 

Wangyoann

 

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